Conformité et convenance
Ecrit par Baugoss (big boss)   
24-10-2009

Quésako ?

La conformité, c'est être conforme à quelque chose : à un modèle, à une règle de l'art ou à une règle générale. Derrière ce terme se cache souvent la notion de norme qui vise à uniformiser les pratiques. Comme synonyme de conformité on pourrait citer par exemple : la correspondance, la concordance, la similitude, la ressemblance à quelque chose qui est considéré comme une règle. Etre conforme, c'est alors être dans le moule, être aligné, être à l'unisson,  faire partie de l'unanimité. En d'autres termes, la conformité, c'est la similitude, l'harmonie voire même la standardisation, l'égalité ou l'unité.   
 

La convenance, c'est convenir à quelque chose : à un code de bonne conduite, au respect des règles d'usage  que sont : les bonnes manières, la bienséance, la courtoisie, la bonté, le tact, la décence, le tenue, l'élégance,... Cette expression sous-entend une notion d'usage, d'habitude, de civilité afin de plaire aux autres, de les respecter, ou de les satisfaire. Comme synonyme de convenance, on pourrait évoquer notamment : la politesse et le savoir-vivre tels qu'ils sont définis dans notre société, la commodité, la congruence, l'à-propos, ...

 

Oui mais concrètement, quelle est donc la différence ?

En fait, il existe une différence et un point commun majeurs entre ces deux termes :
- La différence, c'est que la conformité se réfère à une norme et vise à « ressembler aux autres » tandis que la convenance, elle, fait référence à la notion de civilité afin de « plaire aux autres » ou des les satisfaire.
- Le point commun entre les deux notions est tout simplement la société dans laquelle vit l'individu. Cette communauté, incarné par les fameux autres cités précédemment, impose sa propre « normalité » c'est à dire ses normes et ses règles de civilité et de vie auxquelles il convient d'obéir.
 

Vous avez dit « normalité » ?

En effet ... Cela relance l'éternel débat sur l'existence d'une quelconque « normalité ». D'après ce qui a été évoqué précédemment, on pourrait définir la normalité comme étant l'ensemble obéissant à la fois aux règles de l'art (normes) et aux règles d'usage (codes). Le dénominateur commun sur lequel reposerait ces règles étant bien évidemment la société. C'est la raison pour laquelle il n'existe pas de « normalité » en soi, mais uniquement une « normalité » par rapport à telle ou telle communauté de vie.

Etre normal c'est alors faire preuve à la fois de conformité et de convenance, c'est à dire respecter les normes et les codes de la société.
 
L'analyse différentielle systémique précédente peut ainsi se résumer par le schéma suivant :
 
 

La normalité est donc une ligne de conduite ?

En fait, la normalité n'est pas une ligne, mais un espace qui présente les caractéristiques suivantes :
- Il possède un barycentre qui représente la normalité idéale. Plus on se rapproche de ce point, plus la normalité considérée est parfaite.
- Il est délimité par un contour qui représente la limite de la normalité. Plus on se rapproche de cette frontière, plus on s'éloigne de la normalité idéale. Et au delà de cette limite, on est hors normalité
 
 
De cet espace ainsi définit, il ressort  plusieurs interrogations évidentes :
- Comment la frontière de la normalité est-elle définie ?
- Cette frontière est-elle précise ? Et est-elle stable dans le temps ?
- S'il existe un idéal de la normalité qui est le barycentre, existe-il un idéal de la normalité idéale, c'est à dire un barycentre du barycentre ?

Il est très difficile de répondre à ses questions. Néanmoins ce qui est certain, c'est que par définition même, la normalité n'est pas totalement objective et peut donc être considérée sous différents angles, de différentes manières, ... Ainsi, la frontière de la normalité est plus ou moins floue et peut être amenée à évoluer.
 

Existe-t-il alors une « non-normalité » ?

Oui. Dès lors qu'il existe un espace de normalité, il existe forcément un espace de non-normalité, ou d'hors-normalité, qui est tout simplement l'espace complémentaire du premier. Et c'est là que la notion de frontière de la normalité prend tout son sens, puisque c'est elle qui sépare les deux espaces antagonistes précités. Cependant, une question subsiste : A quel espace appartient cette frontière ?
On ne le sait pas. Et c'est cette ignorance, ce flou, qui fait que la frontière évolue sans cesse en fonction de l'évolution des pratiques, des mentalités, ... bref en fonction de l'évolution de la société.

Toutefois cette évolution se fait en plusieurs étapes, selon le célèbre phénomène de « l'effet moutons », qui est l'effet de pression d'un groupe d'individus sur les autres membres de la communauté :
1. Un à un et progressivement, plusieurs individus se positionnent aux alentours de la frontière de la normalité.
2. Au bout d'un moment, et vu l'importance du groupe aux abords de la frontière, la communauté décide de la déplacer, afin d'intégrer complètement ce groupe à l'intérieur la normalité.
3. Une nouvelle normalité est ainsi dessinée.
Le phénomène inverse est également possible : si le nombre d'individus à la limite de la frontière est négligeable, cette dernière sera déplacée afin d'exclure le groupe de la normalité.
 
 
Ainsi, en examinant les principes qui régissent l'évolution de la normalité, il ressort que la normalité n'est rien d'autre que la majorité (ce qui corrobore tout à fait la définition de la normalité qui a été donnée précédemment). Par conséquent, la non-normalité est la minorité. (NB : Cette définition de la normalité est souvent appelée « normalité statistique ».)
 

Mais qui sont donc ces individus en dehors de la normalité ?

Deux visions sont possibles :
- la première, plutôt pessimiste, considère ces individus comme des anti-conformistes, des extravagants, des révolutionnaires, des contestataires, des farfelus.
- la seconde, plus optimiste, les considère comme des personnes sachant faire preuve de recul et d'ouverture d'esprit, voire comme des gens souhaitant une progression de la normalité.

Quoi qu'il en soit, on ne peut pas affirmer qu'il y ait de bonnes ou de mauvaises personnes « hors normes ». Si on devait résumer la vie de ces individus, on pourrait dire que ce sont des novateurs, des gens qui ont eu une volonté de changement, peut-être à un moment donné où ils n'ont pas pu, où il leur était devenu trop difficile d'avancer toujours en suivant la même ligne directrice. Ainsi, ils ont choisi de prendre un orientation différente de celle des autres... Et c'est curieux de constater parfois qu'un tel renversement de situation change une destinée. Parce que quand on a le goût du risque, le goût de la création originale, il est souvent difficile de trouver le soutien des ses proches, voire même l'appui des ses collaborateurs. Alors là, bien évidemment, ce n'est pas le cas des personnes « hors normes », puisque eux, au contraire, ils ont pu : et d'ailleurs chaque jours ils remercient la vie, ils chantent la vie, ils ne sont qu'ivresse. Et finalement, quand beaucoup de gens se demandent « mais comment font-ils pour avoir cet enthousiasme ? », il faut simplement leur répondre que c'est ce goût de l'aventure inconnue qui les poussent aujourd'hui à entreprendre ces aventures extraordinaires. Mais bon, demain, qui sait ?  Ils finiront peut-être sur le banc de la société ... ou pas ...
 

Conclusion

Personne n'est normal, et vouloir le devenir est vain.
« On sera jamais des standards, des gens bien comme il faut », Goldman, Je te donne
 
 

commentaire(s)
bravo
Ecrit par Florent le 2010-01-03 17:27:28
J'adore la normalitude de la conlusion...



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Dernière mise à jour : ( 25-10-2009 )
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