Suis-je ce que j'ai conscience d'être ?
Ecrit par Baugoss   
05-04-2006

Préambule:

Suite à l'article de Sysy dans lequel il était question de savoir si la contraposeé de « je pense donc je suis » était vérifiée, je me suis demandé, dans le même ordre d'idée, si la réciproque de « je suis conscient de ce que je suis » était aussi valable.



    Dans son enfance, l'homme vit en suivant l'ensemble de ses pulsions inconscientes, c'est à dire en suivant ses désirs, ses tentances, ses instincts. Il n'a pas encore conscience d'être « lui ». Il ne dit pas « je », il ne dit pas « moi ». Il parle de lui à la troisième personne. Puis, son contexte familial et éducatif commencent à l'influencer: petit à petit il se rend compte de sa personnalité propre, il réalise que les choses arrivent à « lui » et pas à un autre. A ce moment, il commence à dire « je ». Le « moi » a fait son apparition.

    Ainsi, au cours de notre croissance nous prenons doucement conscience de ce que nous sommes. Cependant la réciproque est-elle démontrée ?? A savoir, bien que nous soyons conscients de ce que nous sommes, sommes-nous forcément ce que nous avons conscience d'être? Autrement dit, ce que nous sommes réellement correspond-il à l'image que notre conscience nous donne de nous-même, et cette image est-elle exhaustive? Ou au contraire, la représentation que notre conscience nous fourni sur nous-même est-elle incomplète, voire différente de notre personnalité propre ?

    Le problème est donc de savoir si ce que nous sommes véritablement et réellement dans toutes les dimensions de notre être correspond adéquatement à la connaissance ou à la représentation que nous avons de nous-même grâce à notre conscience et cela dans notre nature et dans notre personne ou si au contraire ce que nous sommes véritablement échappe à notre conscience soit parce qu'elle serait sous l'emprise d'illusions soit parce qu'elle serait incapable d'appréhender notre être dans certaines de ses dimensions soit parce qu'elle ne pourrait se le représenter dans ce qu'il est essentiellement.


    D'une certaine manière notre conscience constitue le « moi » et donc comporte une capacité de prendre du recul par rapport à lui, de l'analyser. Elle est alors idéalement placée pour nous connaître suffisamment et pour nous donner une image correcte et complète de nous-même. Si notre conscience était extérieur à nous-même, elle pourrait sans doute se tromper sur certains de nos aspects; mais en l'occurence elle se trouve en nous et est par conséquence tout à fait en mesure de nous donner une image de nous refletant la réalité.

    Par ailleurs notre conscience est dotée de plusieurs fonctions, dont la mémoire, et est donc capable, grâce au savoir et à la connaissance, de nous préciser qui nous sommes réellement. Nous connaissons tous par exemple nos prénoms, noms, âges, adresses à l'aide de cette fonction de mémoire de notre conscience, qui a appris au cours de notre vie toutes ces informations. Donc nous connaissons avec exactitude qui nous sommes, grâce à notre conscience.

    Cependant, nous pourrions aussi penser que notre conscience, bien qu'elle soit apte à nous dire qui et comment nous sommes, pourrait tout de même nous fournir une fausse image de nous-même. Cela reviendrait à croire que notre conscience nous tromperait sur notre identité propre. Ne serait-ce pas complètement absurde, voire inquiétant, de penser que notre conscience nous donne une fausse image de nous-même, alors qu'elle connaît notre vrai personnalité ? Le but de notre conscience n'est-il pas de nous montrer une image de nous pour vivre en sachant comment est notre être véritable ? Notre conscience existe pour notre bien-être et non pour le contraire.

    De plus, si elle nous donnait sciemment une fausse image de nous-même, cela signifierait qu'elle serait malhonnête et de mauvaise foi en quelques sortes, dans la mesure où elle sait qui nous sommes vraiment. Mais une conscience peut-elle être raisonnablement malhonnête envers l'être dans lequel elle vît ? Vraisemblablement la réponse est non, car tout ce que notre conscience perçoit et connaît de nous-même, elle nous le retranscrit spontanément, tel un ordinateur qui affiche immédiatement les données à l'écran lorqu'un programme est lancé.


    Ainsi, notre conscience est capable de nous montrer une image correcte de nous-même, non seulement grâce au fait qu'elle soit en nous, et donc directement liée à nous, mais aussi grâce à sa fonction de mémoire permettant de nous fournir des informations sur notre sujet. Elle s'éfforce aussi de nous retransmettre son savoir sur nous-même avec franchise, sans déformer la réalité. Nous pouvons donc nous fier à notre conscience et affirmer que les connaissances que la conscience nous donne de nous-même en tant que substance sont exactes. Néanmoins, cette certitude porte plutôt sur notre nature (les généralités de notre être) que sur notre personne (nos particularités). En ce qui concerne celle-ci, le problème reste de savoir si la représentation que nous en avons est véritable c'est à dire adéquat à ce que nous sommes réellement car il se pourrait que nous nous trompions, que nous nous illusionnions ou même que nous ignorions une telle dimension de mous-même.

    La concience de soi est formée par la culture à laquelle nous appartenons à travers la vie sociale et l'éducation familiale. La conscience que nous avons de nous est donc pour une part culturellement déterminée. Socialement, l'individu peut être amené non seulement à s'identifier à sa fonction sociale mais aussi à jouer un rôle individuel. C'est une attitude de mauvaise foi où l'individu joue à n'être pas et à ne pas se représenter ce qu'il est, et inversement à être et à se représenter ce qu'il n'est pas.

    Par ailleurs, l'homme sous l'emprise de l'amour propre, peut être amener à se mentir à lui même et à se donner une image de lui-même ne correspondant pas à ce qu'il est vraiment, qui survalorise son être réel dont il ressent la misère et qu'il refuse pour cela de voir. De même, sous l'emprise de certaines maladies mentales, notre conscience peut nous donner une mauvaise image de nous. Par exemple, dans la dépression nous avons de nous une image dévalorisée, dans la mégalomanie nous nous surestimons, et dans le délire nous avons souvent une perte d'identité.

    La conscience que nous avons de nous-même peut ainsi être déformée, cependant elle peut aussi être lacunaire c'est à dire nous cacher une partie de nous-même. Certes, nous nous connaissons parfaitement de l'intérieur mais pas de l'extérieur. Seuls les autres peuvent nous connaître de l'extérieur, tel que nous leur apparaissont. Et ils peuvent nous faire remarquer un aspect de nous-même que nous ignorions jusque là. Donc comme le disait si bien Satre « l'autre est indispensable à la connaissance que j'ai de moi » D'autre part, une dimension de notre vie psychique échappe indéniablement à notre conscience: un certain nombre de nos états et de nos faits psychiques sont pour nous totalement incrompréhensibles. Et c'est pour expliquer ces faits que Freud à élaborer l'hypothèse de l'inconscient psychique.

    Le problème se pose alors de savoir dans quelles mesures l'inconscient caractérise fondamentalement ce que nous sommes. En effet, si l'inconscient constitue notre « nous » le plus réel et le plus profond, alors non, nous ne sommes pas ce que nous avons conscience d'être mais nous sommes au contraire ce que nous n'avons pas conscience d'être ....



commentaire(s)
laisse béton
Ecrit par rémi le 2006-04-06 00:16:29
je le lirai un jour où j'aurai pa mal à la tête... 
:zzz
bon sang mais c'est vrai alors!
Ecrit par arnaud le 2006-04-06 14:08:02
Bon sang mais c'est vrai alors! T'as pas grand chose à faire au CETE! ...moi qui voulait intégrer le CETE plus tard afin d'éviter la pression psychologique inérante à l'inactivité latente du travail en DDE, l'avenir me fait peur...
Réflexion freudienne
Ecrit par dine le 2006-04-16 11:59:43
Je vais aller visiter la maison de Freud pour élucider la question, sans nul doute, la lucidité jaillira de la rencontre de mon Ca, de mon Moi et de mon Surmoi. Mais il faudrait que le Ca échappe à la surveillance du Surmoi pour s'introduire dans le Moi. Mais alors les défenses du Moi s'effondrant, les piliers de ma vie psychique vont vasciller et être ruinés et je risque de sombrer définitivement dans la dépression. Bon je vais étudier encore un peu la question finalement avant de me lancer.
non, non et non....
Ecrit par pierre le 2006-04-26 15:24:56
Je ne suis pas du tout d'accord avec votre point de vue. 
 
Au Rattrapage ! :(
Mon Ca, mon Moi, et mon Surmoi...
Ecrit par aubencheulobois le 2006-05-19 21:24:29
... sont tous d'accord pour ne rien branler en stage. Non, je n'ai pas de problème de schisophrénie. :grin



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Dernière mise à jour : ( 05-04-2006 )
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